mardi 27 janvier 2015

Chronique d'une nuit ordinaire, 26 janvier 2015

Penser aux événements des derniers jours et se dire que la roue a tourné. 
Décider qu’on a besoin de reprendre des forces et de se reposer.
Écouter son besoin de dormir après plusieurs nuits blanches ou grises à s’inquiéter pour son porte-monnaie volé, ses papiers envolés…
Couler un bain très chaud.
S’y plonger avec un soupir d’aise.
Se rappeler qu’il n’y a pas de meilleur somnifère qu’un doigt de whisky siroté dans un bain chaud.
Regretter que Compagnon Cuisinier ait terminé dernièrement la bouteille de si bon whisky écossais offerte par Petit Frère chéri.
Décider que le bain suffira à nous fair plonger dans les bras de Morphée.
Sortir de la baignoire, la vider, la rincer, enfiler sa plus belle nuisette.
Apprécier le contact des draps propres.
Sourire en constatant que le radio-réveil affiche 22:22.
Songer qu’il y avait bien longtemps qu’on ne s’était plus couchée avant minuit.
Fermer les yeux.
Entendre un grand bruit.
Se relever.
Constater que l’un des trois félins qui vivent à domicile vient de casser le vase dans lequel on avait placé le bouquet offert par Compagnon Cuisinier pour nous consoler de la perte de nos papiers.
Ramasser les briques de verre, éponger, jeter les fleurs.
Penser à vérifier que le félin ne s’est pas planté un morceau de verre dans les coussinets.
Se recoucher.
Soupirer.
Fermer les yeux.
Entendre le téléphone sonner.
Se relever.
Répondre à Compagnon Cuisinier que « non, pas de problème, va boire un verre avec tes collègues, moi je vais me coucher ».
Se recoucher.
Soupirer.
Fermer les yeux.
Constater que deux des trois félins qui vivent à domicile ont décidé d’entamer un combat à fleurets non mouchetés.
Se relever.
Mettre de l’ordre dans les mésententes félines.
Décider de fermer la porte de la chambre à coucher pour pouvoir dormir en paix, loin des discordes animales.
Se recoucher.
Soupirer.
Fermer les yeux.
Sentir ses muscles se relaxer.
Avoir vaguement conscience que le troisième de la meute féline est resté dans la chambre à coucher.
S’en moquer, ne pas avoir la force de se relever.
Commencer à s’endormir.
Être immédiatement réveillée en sursaut par une drôle de sensation.
Constater que numéro trois a choisi de se soulager sur nos pieds.
Se relever.
Virer le chat, ôter la housse de couette et le drap, les changer, se féliciter d’avoir fait la lessive.
Porter le linge sale dans la panière, se dire qu’il faudra refaire la lessive demain.
Passer sous la douche pour se rincer les jambes.
Se demander si on rallume son ordinateur tout de suite pour taper « recette – viande – chat » dans son moteur de recherche préféré, ou si cela peut attendre demain matin.
Se recoucher.
Soupirer.
Fermer les yeux.
Constater que le radio-réveil affiche 01:17.

Se dire que ce n’est pas encore ce soir qu’on dormira avant minuit.

dimanche 25 janvier 2015

Chronique d'une journée ordinaire, 25 janvier 2015

Contempler avec fierté la panière de linge sale entièrement vidée.
Porter ensuite son regard sur les trois sèche-linges qui encombrent le salon.
Se féliciter d'avoir un jour, il y a longtemps, décidé de renoncer définitivement à posséder un fer à repasser.
Avoir une pensée émue pour son compagnon cuisinier qui peste chaque fois qu'il doit enfiler une chemise pas repassée.
Décider de s'offrir une séance de cinéma pour se récompenser de cette montagne de lessive achevée.
Enfiler doudoune, bonnet, gants, pour affronter l'hiver bruxellois.
Arriver devant le cinéma.
Réaliser que sa carte magique "abonnement illimité" offerte par son frère bien-aimé était dans le porte-monnaie volé.
Tenter l'opération séduction auprès du caissier "moi faible femme désespérée, vous Homme fort prêt à me sauver en me croyant sur parole et en me laissant entrer".
Comprendre que le ticket "moi faible femme désespérée, vous Homme fort prêt à me sauver en me croyant sur parole et en me laissant entrer" n'est plus valable au-delà de 22 ans...
Rentrer à la maison.
Enlever doudoune, bonnet, gants enfilés pour affronter l'hiver bruxellois.
Allumer la télé.
Se rappeler que vraiment le dimanche soir n'est pas fait pour la télé.
Se résigner à aller prendre sa douche.
Se déshabiller.
Regarder ses vêtements sales tomber dans la panière vide.

Se dire que la vie est un éternel recommencement.

Chronique d'une journée ordinaire, 24 janvier 2015

Téléphoner ce matin au théâtre.
Apprendre qu’ils n’ont pas retrouvé mon porte-monnaie.

Se demander comment il a bien pu disparaître, ou qui a été assez malin pour me le voler.
Effectuer les démarches nécessaires au blocage et à la récupération des diverses cartes (d’identité, de crédit…), être obligée pour ce faire de déposer plainte.
Détester l'atmosphère qui règne dans les commissariats.
Se dire que c’est ballot de se faire voler sa carte de séjour qu’on a mis près d’un an à obtenir si peu de temps après l’avoir enfin reçue.
Se rappeler que, hier après-midi, toute occupée à ses urgences plombières, on a remis au lendemain les questions administratives.
Penser qu’au nombre des ces questions administratives il y avait une facture de 100 € à aller payer en espèce avec un beau billet tout neuf emprunté le jour d’avant à une amie compatissante.
Avoir une pensée émue pour ce billet de 100 € disparu avec le porte-monnaie.
Pleurer un peu sur la perte du porte-monnaie qui était si beau, si pratique, si sympa, si tout ça tout ça...
S'en vouloir d'être autant attachée aux biens matériels.
Recevoir à cet instant précis un téléphone de son banquier.
L’entendre nous vouer aux gémonies pour être à découvert, trop et depuis trop longtemps, et l’écouter nous annoncer les pires catastrophes.
Se dire que plaie d’argent n’est pas mortelle.
Se dire que oui mais quand même…
Envisager un instant de sauter par la fenêtre.
Se rappeler qu’on habite au rez-de-chaussée.
Décider que l’urgence est de se faire un café.
Le boire en écoutant hurler The Clash...

Chronique d'une soirée ordinaire, 23 janvier 2015

Faire une bonne sieste. 
Décider d'aller au théâtre pour oublier cet après-midi de plomberie. 
Y retrouver des ami(e)s comédien(ne)s. Décider d'aller boire un dernier verre dans un bar à côté du théâtre. 
Réaliser au moment de payer qu'on n'a plus son porte-monnaie. 
Rentrer chez soi et se dire qu'il n'y a rien d'autre à faire qu'attendre demain matin pour savoir si son porte-monnaie a été oublié au théâtre ou s'il est définitivement perdu ou volé. 
Savoir que la nuit d'insomnie va être longue et se réjouir d'avoir fait une sieste... 
Entamer la liste des cartes de crédit, d'identité, de fidélité... contenues dans son porte-monnaie...

Chronique d'une journée ordinaire à Bruxelles, 22 janvier 2015


Apprécier à sa juste valeur la chance de pouvoir travailler en vieux jogging chez soi lorsqu’on est free lance.
Se dire tout de même, en début d’après-midi, qu’il faudrait passer un jeans propre pour sortir vaquer à quelques occupations administratives.
Constater qu’on n’a plus de jeans propre dans l’armoire.
Contempler d’un œil morne le tas (que dis-je le tas, la montagne, l’Himalaya) de lessive entassée à la salle de bain.
Décider d’entreprendre les travaux et se mettre à trier par température, couleur, matière…
S’emparer de la pile la plus urgente, celle qui contient les jeans, avec l’intention de l’enfourner dans le lave-linge.
Découvrir que le lave-linge est déjà plein et avoir une pensée émue pour son compagnon cuisinier qui a ramené hier soir ses torchons et tabliers du boulot pour les mettre à laver durant la nuit.
Constater qu’il est à l’arrêt (le lave-linge, pas le cuisinier), cuve pleine, porte bloquée.
Pousser un certain nombre de jurons que la décence m’interdit de reproduire ici, puis avec un grand soupir, s’emparer du mode d’emploi du lave-linge.
Découvrir au passage avec soulagement que le lave-linge est encore sous garantie jusqu’au mois de mars, « au cas où »…
Se décider à vidanger la cuve manuellement pour voir, comme le recommande le mode d’emploi, s’il n’y aurait pas quelque chose de coincé du côté du filtre…
Chercher (et finir par trouver) un seau, constater qu’il est trop haut pour y introduire le petit « tuyau de vidange manuelle en cas d’urgence » (dixit le mode d’emploi).
Chercher un autre récipient et finir par se dire que le plat à fruits fera parfaitement l’affaire.
Entamer la vidange manuelle en transvasant au fur et à mesure le contenu du plat à fruits dans le seau pour ne pas avoir à faire quinze fois le trajet jusqu’au lavabo le plus proche.
Avoir une pensée émue pour son compagnon cuisinier en contemplant l’eau sale, grasse, puant la vieille friture qui s’écoule par le fameux « tuyau de vidange manuelle en cas d’urgence ».
Se souvenir en se relevant avec le seau plein d’eau à la main qu’on souffre depuis des années d’un problème récurent au dos et se dire qu’il eût mieux valu se relever d’abord et s’emparer du seau ensuite.
Trimballer vaille que vaille le seau jusqu’au lavabo, le soulever en ahanant et se dire qu’il eût également mieux valu vider le plat à fruits au fur et à mesure.
Constater, en vidant le seau, qu’après avoir menacé pendant des jours cette fois ça y est le lavabo est définitivement bouché.
Se demander s’il vaut mieux interrompre l’opération sauvetage du lave-linge pour déboucher le lavabo ou s’il vaut mieux terminer ce qu’on a commencé.
Hésiter.
Se décider à terminer l’opération lave-linge.
Avoir une pensée émue pour son compagnon cuisinier en constatant qu’un gant en latex jetable, comme ceux que mettent les cuisiniers pour se protéger lorsqu’ils se sont coupés, bouche le filtre.
Décoincer le gant en latex jetable entortillé autour du filtre et tout remettre en place.
Éponger l'eau qu'on a renversé en effectuant la vidange manuelle.
Garder son optimisme et se dire que le problème est résolu sans avoir à faire appel à un réparateur.
Avoir une pensée émue pour son compagnon cuisinier en relançant un cycle de lavage complet de son linge professionnel et se dire que l’on peut sortir avec son jeans sale un jour de plus.
Se munir d’une clé à molette et s’attaquer au problème de l’évier.
Avoir une pensée émue pour son compagnon cuisinier en constatant que divers cotons-tige, protections plastiques de lames de rasoir et un petit bouchon de son déo préféré nous narguent du fond du siphon.
Revisser le siphon débouché, tout ranger, éponger, laver le plat à fruits et se dire qu’on remet à demain l’escalade du tas de lessive.
Avoir une pensée émue pour son compagnon cuisinier en étendant le linge professionnel qu’il a lavé à la maison et dont il n’a pas eu le temps de s’occuper ce matin avant de partir au boulot.

Décider de remettre à demain les questions administratives et aller faire une sieste.