lundi 9 février 2015

Chronique d'un samedi ordinaire, le 7 février 2015

Savourer un vague renouveau de santé.
En profiter pour effectuer sa première sortie de la semaine.
Se rendre à la banque afin d’activer sa toute nouvelle carte bancaire reçue en début de semaine pour remplacer celle qui fut volée.
Effectuer l’activation au distributeur automatique, tenter de retirer un peu d’argent se le voir refuser par la machine sous prétexte de « solde » insuffisant.
Revérifier sur l’application mobile de son smartphone qu’on a bien du liquide sur son compte.
Se demander si les menaces du banquier français concernant mon compte français effectivement trop à découvert depuis trop longtemps sont parvenues aux oreilles du banquier belge.
Se rendre au guichet pour tenter de comprendre ce qu’il en est et pourquoi cet argent est bloqué.
Se voir attribuer un numéro d’attente et constater qu’il y a encore huit personnes avant soi.
Attendre.
Attendre encore.
Être reçue par un employé qui commence par nous demander une pièce d’identité.
Lui tendre notre passeport. 
Lui répondre que « non, effectivement je ne suis pas enregistrée chez vous avec cette pièce d’identité, mais avec ma carte de séjour belge qui elle, justement, m’a été volée il y a dix jours. »
Noter la moue sceptique dudit employé.
S’entendre répondre que mon compte a été bloqué « pour raisons de sécurité ». 
Demander des explications.
Se voir opposer que « je ne sais pas moi, peut-être que vous avez des ennuis avec le fisc, ou que vous avez des dettes ou êtes une reprise de justice… »
Remercier l’employé de tant de sollicitude.
Lui demander que faire pour débloquer la situation. L’entendre répondre qu’il n’en a aucune idée et que je dois bien savoir, moi, ce que j’ai fait !
Euh… Non !
Sortir de là un peu désemparée. 
S’asseoir sur un banc et hésiter entre rire ou pleurer.
Honorer sa décision du premier février (« je reste optimiste ») et éclater de rire.
Néanmoins se mettre à réfléchir.
Réaliser que, « pour raisons de sécurité », la banque demande une preuve d’identité ainsi que de résidence permanente et fiscale sur le territoire belge avant d’accepter l’ouverture d’un compte.
Se souvenir que l’on a fourni comme « preuve » notre toute nouvelle « carte de séjour », sorte de sésame à tout faire au Royaume de Belgique obtenue de si haute lutte au mois de novembre dernier.
Savoir que, puisque cette carte fait partie des documents volés, on l’a faite annuler et que l’on doit en recommander un nouvelle.
Se dire donc que, en toute logique, puisque l’on est identifiée auprès de la banque au moyen de cette pièce d’identité qui vient d’être annulée, forcément que tant qu’on ne sera pas ré-identifiée avec notre nouvelle carte de séjour que l’Administration belge va aimablement nous fournir, notre compte risque de rester bloqué.
Savourer avec une joie toute orwellienne les méandres universels de l’Administration.
Se trouver donc dans le paradoxe suivant : « J’ai besoin d’obtenir une nouvelle carte de séjour pour pouvoir toucher l’argent qui m’appartient et qui est sur mon compte. Pour obtenir cette nouvelle carte de séjour je dois la commander auprès des services concernés de l’Administration belge au moyen de l’attestation de plainte qui m’a été remise par la police et payer la modique somme de 23 euros. Oui, mais pour payer j’ai besoin d’avoir accès à mon argent. Et pour avoir accès à mon argent il me faut ma nouvelle carte… »
Maudire cette satané angine qui nous a empêché d’effectuer ces démarches administratives plus tôt dans la semaine.
Réaliser qu’on doit partir demain pour dix jours en France afin d’animer un atelier théâtre, sans carte bancaire valide, donc. 
Faire le tour de ses poches et du fond de son sac à main. 
Comptabiliser en tout et pour tout huit euros et quarante-sept cents.
Se souvenir de sa décision du premier février et décider d’appliquer la méthode « je reste optimiste »: « Au moins, cela fera dix jours où je ne toucherai pas à cet argent, vu ma situation financière déplorable c’est une formidable opportunité de ne rien dépenser. »

Rentrer en se réjouissant en chemin que février ne compte que 28 jours.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire